Les plantations des talus

Si les talus ont subi les foudres des aménageurs, les arbres qui y étaient plantés ont subi le même sort. La Bretagne possède peu de forêt, le bocage est sa principale source de boisement. En arasant les haies plantées sur talus, c'est la « forêt » bretonne qui a souffert.

Il est vrai que tous les talus n'étaient pas plantés. Sur la côte, par exemple, la végétation des talus n'est souvent qu'herbacée voire parfois arbustive. Il est vrai que l'influence maritime (embruns, vents) a tendance a inhiber la croissance de la végétation. Outre ces conditions du milieu, il faut noter que les cultures côtières plutôt légumières (ex : Léon, Trégor-Goélo, Pays de Saint-Malo) supportent assez mal la concurrence des haies sur talus.

Les talus intérieurs, par contre, sont traditionnellement surmontés d'arbustes comme l'ajonc, le troène, le fusain, le noisetier, le houx ou le charme. Ils sont également plantés d'arbres de haut jets tels que les chênes, les châtaigniers, hêtres, ormes, noyers, merisiers, frênes. Autant d'essences qui fournissaient du bois de chauffage et du bois d'œuvre, un fourrage d'appoint pour les bêtes, des fruits. Il est vrai qu'aujourd'hui, le nucléaire nous chauffe (et parfois nous échauffe), les matériaux composites ou les bois exotiques nous meublent, les farines animales nourriss(ai)ent nos cheptels, et que l'on mange des fraises (de Plougastel ou d'ailleurs) à longueur d'année. Triste et pessimiste constat ! Malheureusement, l'abandon des pratiques énumérées ci-dessus est un vecteur du désintéressement de l'homme pour le bocage. Et bien souvent, lorsque l'homme ne voit plus d'intérêt dans les choses, il élimine, ratiboise, taille à blanc. Il n'est pas rare de trouver des alignements de chênes séculaires abattus et débités pour faire du bois de chauffage. Les anciens auraient crié à l'hérésie, eux qui les avaient minutieusement sélectionnés pour en faire de belles presses (= armoire en gallo).

Les haies sur talus servaient de clôture naturelle pour les animaux avant que l'on ne généralise les clôtures électriques. Ce sont des limites de propriétés clairement identifiables. On parle aussi de haies brise-vent. Elles protègent le bétail et les cultures des intempéries. Pour les cultures, on observe une baisse de rendement en bordure de talus boisé, mais cette perte est compensée dans le centre de la parcelle par un meilleur rendement. Globalement les talus n'engendre ni un meilleur rendement ni un rendement plus faible.

Manu, venant de finir le paillage naturel d'un talus neuf :

La plantation des talus n'est pas un impératif, tout dépend de l'objectif de la construction du talus. Dans tous les cas, si vous choisissez de planter, préférer des essences du pays. Si vous souhaitez un talus bocagers d'une faible hauteur, privilégiez l'ajonc, le genêt, le prunellier et l'aubépine. Ces arbustes embaument les campagnes et ne dépasseront pas les 2, 3 m de hauteur. Si vous souhaitez un talus bocager plus classique, plantez environ tous les cinq mètres des arbres de haute tige (chênes, châtaigniers, hêtres, frênes) pour faire du bois d'œuvre, et tous les mètres environ des arbres de bourrage (noisetiers, charmes, houx, troène, fusain) pour briser le vent. Mais faites surtout appel à votre imagination pour casser la monotonie des plantations. Les arbres sont à planter d'octobre à décembre, ou en février-mars.

Après le paillage, place à la plantation...

Afin de faciliter la croissance et l'entretien des arbres, vous pouvez disposer sur le haut des talus un paillage naturel ou plastique. Le paillage naturel se présente comme un rouleau de moquette, c'est en fait un mélange de fibres de chanvre et de lin. Il suffit de dérouler et de faire des encoche tous les mètres pour y planter les arbres. Le textile est fixé au sol par de grosses pierres ou de petits piquets. Le paillage plastique se présente également en rouleau. Pour fixer cette bâche de 1,20 m de large, il faut creuser un petit sillon de chaque côté du haut du talus et reboucher au fur et à mesure en prenant soin de bien tendre la bâche. L'opération suivante consiste à percer des croix tous les mètres.

Une fois les arbres plantés, il faut rajouter un petit carré de plastique, une collerette, qui passera sous la bâche pour éviter que la végétation ne pousse au pied des plants.

Si vous plantez sur un vieux talus, ré-engraissez-le de terre riche. Les talus anciens sont des sols pauvres, rincés de leurs éléments nutritifs, il est donc nécessaire de les rajeunir. Pour l'entretien, il est nécessaire d'être vigilant et de maîtriser mécaniquement la végétation.

Les traitements chimiques suppriment les plantes et leur racinaire, et le talus devient très sensible aux éboulements. La végétation supporte les talus. Au cours du deuxième hiver de plantation, il faut réaliser une taille de formation surtout nécessaire aux arbustes qu'il faut quasiment couper à la base. Cela vous fera peut-être mal au cœur, mais c'est une nécessité pour que se forme durablement votre haie.

Un beau chemin, bordé de deux talus boisés.
À gauche, des arbres trentenaires, à droite, des arbres plantés il y a huit ans.

À vos marques... prêts ? Plantez !