Maryse Méchineau publie une première lettre sur le thème de la pierre sèche en Bretagne, en faisant un large écho au travail effectué par l'association. Téléchargez cette lettre au format PDF en cliquant sur l'image ci-dessous :
Agathe Le Coz habite en Belgique et a passé une partie de ses vacances de l'été 2020 chez son grand-père (Jean Le Coz) à Pouldouran. Elle nous a fait savoir lors du chantier de juillet qu'elle avait effectué lors du confinement un travail sur les talus.
C'est donc un travail que j'ai fait dans le cadre de la classe de SVT en 2nd, la consigne étant de présenter sous forme d'affiche informative, un exemple d'altération des paysages provoqué par l'Homme, puis de faire une deuxième affiche visant à présenter et mettre en valeur les solutions possibles pour restaurer les dégâts... J'ai donc pensé au remembrement, en me rappelant que mon grand-père faisait partie de cette association de l'école des talus, où l'on reconstruit et remet en état les talus détruits lors de la période de remembrement. Je me suis beaucoup aidée du site de l'association, ainsi que d'autres ressources sur Internet pour comprendre le contexte historique du remembrement et également comprendre l'impact de celui-ci (approche plus scientifique). Ce travail nous a été demandé durant le confinement, à faire seul, en un seul après-midi.
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Merci Agathe pour ton implication et physique et intellectuelle !!!
Les intérêts des talus ont été mis en évidence par leur destruction... Ils conditionnent la circulation de l'eau dans le paysage. À l'image de la circulation routière, lorsque la vitesse de l'eau dans le paysage devient trop rapide, il y a des risques d'accidents plus importants : inondations, érosion des sols, détérioration de la qualité des eaux superficielles. Les talus sont l'ossature du paysage breton, ils sont une trame sur laquelle vient se placer une mosaïque de milieux, qu'ils aient une vocation agricole ou non. L'arasement des talus a rendu nos campagnes monotones. La disparition des talus est un préjudice porté aux paysages bretons, surtout face à la demande sociale grandissante de paysages chaleureux et identitaires.
Les talus ont un rôle agronomique, écologique et paysager que rien n'a remplacé depuis les vastes opérations d'arasement.
Les talus influencent en partie la qualité et les quantités d'eau qui circulent dans un versant. De même, ils réduisent logiquement les vitesses de circulation de l'eau. Les eaux de ruissellement, si elles se déplacent trop rapidement occasionnent des problèmes d'érosion. Plus la vitesse de l'eau est importante, plus l'eau a de la force et plus elle est capable d'entraîner avec elle des particules de grosse taille. Des ravines se forment, une accumulation de terre se forme en pied de pente.
Pour exemple, début 2000 à Pouldouran, ce sont quelques 30 cm de limons et sables fins qui se sont retrouvés en bas de pente suite aux fortes pluies de fin décembre. Cet événement pluvieux est intervenu après la construction d'un talus qui, en barrant la pente, a permis de retenir les limons. Sans cette construction, les limons auraient rejoint l'estuaire du Jaudy en contrebas...
Ici, à Trélévern, on peut observer que, les sillons étant dans le même sens que la pente du terrain, l'eau s'écoule sans obstacle jusqu'au pied du talus.
C'est pourquoi il est préconisé de tracer les sillons perpendiculairement à la pente.
Autre exemple de retenue naturelle d'eau par un talus :
(arrière pays de Perros-Guirec)
Depuis trois ans, Pierre Auffray, éleveur de porcs à Troguéry, reconstruit des talus sur son parcellaire.
Après un échange amiable de terre sur la commune de Pouldouran, il réunit deux parcelles. Pour une meilleure gestion de l'espace (parcelle plus géométrique) et devant des problèmes d'inondation, il décide de modifier la trame bocagère.
"La commune de Pouldouran n'est pas remembrée, beaucoup de talus servaient de délimitation de propriétés. Un talus, construit dans le sens de la pente, séparait les deux parcelles et provoquait une voie privilégiée pour les écoulements d'eau par les sillons de charrue. J'ai supprimé ce talus pour le reconstruire sur la partie basse de la parcelle, durant l'automne 99", explique Pierre.
Il y a quinze ans, l'église de Pouldouran, située en contrebas, a été inondée par le ruissellement de l'eau provenant principalement de cette parcelle. La levée de terre nouvellement construite n'a malheureusement pas suffi pour stopper les coulées de boue sur la route, l'entrée de champ se situant en bas de parcelle.
"Il m'a donc paru important l'année suivante, poursuit Pierre, de reconstruire un autre talus perpendiculaire à la pente dans la partie supérieure. De plus, je travaille plus facilement la parcelle en travers de la pente, ce qui réduit les risques de ruissellement. Si à l'avenir, je constate d'autres coulées de boue sur la route, je boucherai l'entrée de champ située en contrebas, pour ne conserver que celle située en haut de la parcelle".
Pierre a réalisé ces deux talus avec les conseils de Fanch Jestin, maire de Pouldouran et président de l'association Skol ar C'hleuzioù. Il a ensuite reconstruit d'autres talus sur son parcellaire et a encore bien d'autres projets en tête.
Un exemple que chacun peut suivre grâce à l'aide technique et financière du Comité de bassin versant, du Conseil Général des Côtes d'Armor et de Skol ar C'hleuzioù.
Cet article est reproduit avec l'aimable autorisation de Mr Koulman Mathieu, du Bassin versant du Jaudy-Guindy-Bizien,
Syndicat d'eau du Trégor, 2, route de Kabatous, 22660 Trélévern tél. 02.96.15.19.19
Défi régional connu et reconnu, la reconquête de la qualité de l'eau est un travail colossal. Nous ne prétendons pas ici qu'à eux seuls les talus résoudront le problème. Cependant lorsqu'ils sont bien placés sur un versant, ils peuvent contribuer à favoriser l'infiltration de l'eau. Les eaux de ruissellement qui migrent de façon superficielles jusqu'en bas de pente entraînant avec elles des particules d'éléments minéraux ou organiques. Les talus, quand ils se dressent perpendiculairement à la pente bloquent l'eau, entraînant ainsi la formation de flaques ou de mares. Les talus obligent l'eau qu'ils bloquent à s'évaporer ou à s'infiltrer par le sol. En favorisant l'infiltration de l'eau, les talus font jouer pleinement au sol son rôle de filtre naturel. En ce sens, on peut estimer que les talus jouent un rôle d'épurateur.
Ci-contre, une rue de Quimper le 12 décembre 2000...
En favorisant la rétention d'eau dans les bassins versants, les talus limitent l'impact de la mauvaise qualité des eaux de ruissellement sur le milieu. En terme quantitatif, un maillage de talus permet au cours d'eau de ne pas saturer et d'absorber sur une période plus longue de forts épisodes pluvieux. En régulant la vitesse de l'eau dans le milieu, les talus évitent de trop fortes crues.
En 1995, puis en 2000, 2001... des inondations importantes ont touché Quimperlé et d'autres villes du sud Bretagne (les bassins versants du sud Bretagne sont plus importants que ceux du Nord). Les remembrements et arasement de talus ont été nommément mis en cause par les élus locaux. En effet, l'eau n'est plus « stockée » dans le paysage. L'agriculture moderne impose que l'on puisse cultiver de Janvier à Décembre et récolter (même en Bretagne) en Octobre-Novembre, périodes de fortes précipitations. L'eau ne doit donc pas freiner le travail, aussi évacue t-on l'eau par des fossés, des drains ?
Le développement des zones industrielles, de parkings divers, de routes ont une part de responsabilités dans la mauvaise régulation des flux d'eau dans le paysage. On peut penser que la restauration ou la construction de talus pour lotir des terrains en zones pavillonnaires ou industrielles, régulerait mieux la circulation de l'eau.
Extraits de l'article du Télégramme du 25 Janvier 2001 faisant suite à la visite de Mme Dominique Voynet à Quimper et Quimperlé :
Hier, l'Etat est d'autant moins venu donner des leçons que, comme le reconnaît la ministre, les quelques plans de prévention des risques entérinés par les préfectures, après les crues de 1995, ont fait la preuve de leur insuffisance. « Sans plaisir », Dominique Voynet rappelle tout de même que des associations depuis 20 ans, tirent la sonnette d'alarme sur certaines pratiques environnementales : « Après avoir subventionné pendant des décennies l'arasement des talus et l'arrachage des haies, j'observe qu'on va mettre en place aujourd'hui, des moyens pour les restaurer ».
L'Oust (un affluant de la Vilaine) en furie, en janvier 2001 :
où quand la nature nous réveille en sursaut...